Mentir vous confère-t-il un avantage concurrentiel ?

Publié le par Magali Mathis

Je lisais récemment un article affirmant que 70% des commerciaux mentent dans leur CV. Si la statistique est probablement un peu exagérée (car si on ajoute ceux qui ne sont pas démasqués… le résultat serait inquiétant !), il n’empêche que la question se pose : un candidat qui « arrange » son CV et ment en entretien a-t-il davantage de chance qu’un  candidat honnête ?

 

J’évoquerai dans un prochain post les cas où la loi permet à un candidat de mentir. Il y en a, certes, mais ils sont assez limités et couvrent entièrement les questions que le recruteur n’a pas le droit de vous poser (puisqu’il n’a pas le droit de vous les poser, s’il vous les pose quand même, vous avez le droit de mentir). Pour tout le reste, attention ! Vous risquez de vous prendre à votre propre piège. En effet, si devant la justice, le doute profite à l’accusé, en matière de recrutement, le doute ne profite jamais au candidat. Personnellement, je préfère un candidat qui assume une erreur de parcours en me démontrant qu’il y a pris du recul et progressé, qu’un candidat qui n’assume pas et me raconte des histoires… Si le premier n’est pas systématiquement assuré de recevoir une réponse favorable, le second est sûr, lui, d’en obtenir une négative. En effet, si je n’ai pas confiance en un candidat, je ne prends pas le risque de le « placer » chez un de mes clients.

 

Comment démasque-t-on un candidat qui prend des libertés avec la réalité ? Il y a tout d’abord, le flair du « consultant-truffier » et son expérience : il a « scanné » des dizaines et des dizaines de candidats ayant fait les mêmes études que vous, ayant pratiqué le même métier, étant passés dans la même entreprise… A force, cela créé des points de repères. Ce n’est certes pas infaillible, mais cela met souvent sur la piste. Il y a aussi, et surtout, les vérifications formelles que pratiquent presque tous les cabinets de recrutement. Je demande systématiquement les diplômes et les certificats de travail : s’il y a une différence entre les dates mentionnées dans le CV et sur ces documents officiels, on est mal partis… Le candidat qui a perdu ces précieux documents (au choix, au cours d’un déménagement, d’un incendie et même une fois, au cours d’un divorce…) n’est pas à l’abri d’une vérification (annuaires des écoles, organismes chargés de vérifier les diplômes…). Autre vérification très pratiquée : la prise de références professionnelles, qui consiste à appeler votre ancien employeur. Contrairement à ce que craignent certains candidats, on y apprend rarement des choses désobligeantes sur eux : le temps faisant son œuvre, même séparés du collaborateur en mauvais termes, les employeurs font souvent la part des choses. En revanche, il y a parfois dans le contenu du poste, le niveau réel de responsabilité et la cause du départ des divergences de point de vue.

 

Par ailleurs, avec internet, les sources d’informations sont multiples : « googler » un candidat est de plus en plus courant. De même, quand je reçois un responsable de magasin, je vérifie systématiquement sur societe.com le chiffre d’affaires et les résultats de son point de vente. Quand, durant l’entretien, il m’annonce des chiffres à mille lieues de ce qui est mentionné dans les comptes de résultat déposés au greffe du tribunal de commerce, c’est que j’ai face à moi un menteur malhabile… Ce qui est dommage, car un point de vente qui perd de l’argent n’est pas en soi un signe d’incompétence, loin de là. Mais alors que je voulais simplement qu’il m’explique le contexte (arrivée d’un nouveau concurrent, dotation aux amortissements ayant dégradé les résultats ?), le candidat s’est enferré dans son mensonge initial. La confiance est rompue, le processus s’arrête là.

 

Alors, dire la vérité, toute la vérité ? En tout cas, maintenant que vous le savez, ne vous faites pas piéger sur ce qui est si facile à vérifier… Et retenez que savoir parler positivement de ses échecs peut même vous faire « gagner des points » !
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